Le projet d'adapter "les Aphrodites" pour la bande-dessinée remonte simplement au jour où j'en découvris les premières pages. C'était en 1995, je venais d'arriver à Berlin et de retour en France pour quelques jours, j'avais découvert cet ouvrage chez mon libraire niortais. Les quelques lignes de croustillants dialogues m'avaient résolument convaincus: mon sevrage de la langue française à Berlin était bien pénible et Nerciat tombait à pic pour aérer mes lectures.
Écrit en 1793, Les Aphrodites est, à l’origine, un de ces romans « qu'on ne lit que d'une main» dont l’univers est une joyeuse débauche. En un siècle où les sociétés secrètes abondent, il fut un groupe de libertins, près de Paris, qu'on nommait « Les Aphrodites».
Les éditeurs à Angoulême ayant boudés mes premiers essais, que j'avais construits sur un modèle "Joker" (humour et érotisme), je laissais tomber le projet et me consacrait à d'autres. Il y eut ma collaboration avec Petit-à-petit, et notamment "Northmen". Et puis un grand vide ensuite où je désespérais de continuer dans la BD. Il y eut "Mitreya" avec Holger Kersten, ... encore une longue histoire à raconter. C'est seulement après avoir fait des essais pour une commande de Casterman que, de colère contre une de ses "éditrices", je décidais de ne plus me consacrer qu'à mes propres projets.
En expédiant mes premières planches à Frédérique Brémeaud pour avoir son avis, je ne pensais pas qu'il allait les faire suivre à des éditeurs. Ainsi Thierry Plée, directeur des toutes nouvelles éditions Tabou, accueillait avec enthousiasme ce projet un peu décalé : un texte libertin quasiment intégral et un dessin « élégant » mais sans fausse pudeur.
Car, c’est vrai, j’ai toujours destiné ce cycle des Aphrodites à un lectorat féminin. Sur tous les salons où j’ai pu signer « Les Aphrodites », les femmes représentaient bien un tiers de mes lecteurs, ce qui n’est pas négligeable pour de la littérature érotique. Femmes de tous âges et de toutes conditions sont en majorité ouverte à l’érotisme, pourvus qu’on leur propose une vision « adaptée » de la chose.